1. |
Attraction Universelle
04:23
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C'est devenu l'attraction du village,
Une grande maison, une belle voiture
Accompagnée d'un joli visage.
Certains disent qu'elle possède un portefeuille bien garni
D'autres que c'est sûrement la moitié de celui d'un ancien mari
On l'a vue recevoir des oeuvres d'art et un piano à queue,
De pleines caisses de champagne et de spiritueux
Tous s'accordent à dire que dans son nouveau logis
S'entassent dans chaque pièce des produits high-tech dernier cri.
C'est la loi de l'attraction universelle vers celle
Qui possède un patrimoine substantiel et
D'attraction en répulsion, de séduction en aversion
La fascination prélude toujours à l'extorsion.
Car d'Ouest en Est, Est en Ouest et d'Oslo à Cayenne,
Cette antienne qui est mienne est bien la seule qui tienne :
"A tout âge, en toute saison, peu importe la journée,
Ce que je possède ne sied plus qu'à vous qui le convoitez"
On ne la voit guère déambuler au supermarché du coin
On pense qu'elle s'approvisionne au Quartier Latin.
Quand elle investi le faubourg en fin de semaine,
Ses voisins l'observent mais ne la voient pas très amène.
Pour tous les observateurs, elle vit dans un palais doré
La clôture barreaudée de son terrain rend ce lieu fortifié
Leur convoitise, ils ne peuvent malheureusement la satisfaire
Qu'en en forçant l'entrée ou celle des mêmes sphères.
C'est la loi de l'attraction universelle vers celle
Qui possède un patrimoine substantiel et
D'attraction en répulsion, de séduction en aversion
La fascination prélude toujours à l'extorsion.
Car d'Ouest en Est, Est en Ouest et d'Oslo à Cayenne,
Cette antienne qui est mienne est bien la seule qui tienne :
"A tout âge, en toute saison, peu importe la journée,
Ce que je possède ne sied plus qu'à vous qui le convoitez"
Son mari l'a congédiée pour une nouvelle recrue
C'était écrit : malgré leurs cris ils ne s'entendaient plus
Lui, coutumier du demi avait pris la moitié
Des fruits du travail dans lequel elle s'était réfugiée
Ecumant de rage elle s'était mise au vert
Une grande maison, une belle voiture, ne pas se laisser défaire, mais
Malgré de nombreux proches passant la grille barreaudée
Elle a toujours l'impression d'occuper une prison dorée. Car,
C'est la loi de l'attraction universelle vers celle
Qui possède un patrimoine substantiel et
D'attraction en répulsion, de séduction en aversion
La fascination prélude toujours à l'extorsion.
Car d'Ouest en Est, Est en Ouest et d'Oslo à Cayenne,
Cette antienne qui est mienne est bien la seule qui tienne :
"A tout âge, en toute saison, peu importe la journée,
Ce que je possède ne sied plus qu'à vous qui le convoitez"
Puisque l'argent ne fait pas le bonheur,
L’opulent avare est un vrai bienfaiteur.
Aux yeux des alentours sa pingrerie importune
Alors que lui ne fait qu'entretenir son infortune.
A trop espionner l’autre on se détourne de soi
On est ni l’un ni l’autre, presque un je-ne-sais-quoi
Qui n’a qu’un auxiliaire, “avoir“ et n’a plus l’usage d’ “être“
Et ne donne plus à voir mais seulement à paraitre.
C'est la loi de l'attraction universelle vers celle
Qui possède un patrimoine substantiel et
D'attraction en répulsion, de séduction en aversion
La fascination prélude toujours à l'extorsion.
Car d'Ouest en Est, Est en Ouest et d'Oslo à Cayenne,
Cette antienne qui est mienne est bien la seule qui tienne :
"A tout âge, en toute saison, peu importe la journée,
Ce que je possède ne sied plus qu'à vous qui le convoitez"
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2. |
Le petit théâtre
04:50
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Un beau matin il est présenté en grande pompe,
Evénement unique pour un parterre de figures.
Elles restent éblouies par ces quelques lignes
Animant et reliant, ces silhouettes miniatures.
"Bonjour à tous, y’a du nouveau sur le marché,
Le petit théâtre de marionnettes s’est installé
Vous le verrez bientôt dans tous vos lieux de vie,
Pour assister au spectacle, le ticket est gratuit"
Sa stratégie pour attirer les honnêtes gens,
A toujours été la même : il essaie d’être divertissant.
La recette en est simple : il faut vous faire marrer
Quand ça ne suffit plus, oser la vulgarité
De temps en temps on vous tire quelques larmes,
De joie, de peine, peu importe, tant que coule le canal lacrymal
Ces émotions induites vous font baisser les armes
Pour mieux vous abrutir d’un message commercial
Le petit thé devant l’âtre a été supplanté
Par le petit théâtre et sa lumière bleutée
Le spectateur opiniâtre de ces atrocités
Y succombe sans se battre, ses pupilles sont dilatées
Devant le petit théâtre y’a de quoi se sustenter :
Tente le diner en tête à tête avec ces têtards agités
Dans l'bocal, ils sont à la fête car c’est leur tête
Qui s’apprête à apparaitre dans le JT
Petit à petit le spectacle de cette comédie
Suscite des vocations, devient "the place to be"
On y observe de plus en plus de personnages
Qui feraient tout pour venir peupler les lignes du tramage
Chacun y ouvre son officine
Et y distille son atropine
Injectant par voie oculaire
Une bleue et hypnotique lumière
De noir et blanc, jusqu'en couleur, de jour, de nuit, même à Noël
Le petit théâtre fait fureur, ses chaines défilent en carrousel
Les différents apothicaires, pointent du doigt et brassent du vent
Dans la surenchère, participent de l'abrutissement
Ils entrent à jardin et accourent, exposent leur sale besogne
Crimes odieux et vilains tours, ont leur lot de charognes
L’affreux théâtre des horreurs, lucarne sur l'infamie
Trouve toujours un nouvel acteur qui exprimera la barbarie
Le petit thé devant l’âtre a été supplanté
Par le petit théâtre et sa lumière bleutée
Les spectateurs opiniâtres de ces atrocités
Les réclament à la hâte, comme autant d'opiacés
Ce qui les tâte puis qui les tente, tout ce qu’ils matent puis qui les hante
S’apparente à la cruauté, les épouvante pour de l'audience
Ils idolâtrent leur scintillante télé insomniante tel est
Leur sentimental état d’accoutumance
Et chaque jour dans son castelet
Le grand guignol gesticule
Il te les casse tes pédicules,
Toi, l’arbre qui cache la forêt !
Avec lui pas d’effets spéciaux, uniquement un effet d'annonce
Car chaque discours qu’il prononce n’est qu’une fable jouée au flutiau
Ne t’y trompe pas, son image d’humaniste n’est guère qu’un écran de fumiste,
Il passe son temps à pavoiser au bras de sa dulcinée du ciné.
Devant ce triste spectacle la plupart voudraient le déloger, mais n’ont qu’une image à japper
Ils ont bien prévu de se soulever, d’un jour sortir le poing levé
Mais ils ont beau hausser le ton, espérer une révolution
Ces révoltés de salon sont les rois de l’acclimatation
Regarde plutôt dans les coulisses
Du petit théâtre et retrouve les marionnettistes
Avant qu'ils n'usent de leurs ficelles,
Fassent de toi leur prochain Polichinelle
Tu les croiseras sur leur perchoir
Dépeignant le décor en noir
Leurs beaux gants blancs de suzerains
Recouvrant le sang qu’ils ont sur les mains
Libère-toi enfin de tes chaines
Homo sapiens institutus
Découvre comme elles sont anxiogènes
En tentent de te manipuler par la frousse
Ne les laisse pas te domestiquer
Ne redoutes pas cette liberté
De voir le monde, de t'impliquer
Et fais péter ta TNT !
Car j’ai le PAF dans le pif, ce pornographe nocif
Scénographe maladif des affres de l'intrusif
Polygraphe informatif, brévigraphe du fictif
Paraphe à tout tarif, c'est à s’en arracher les tifs
Oui j’ai le PAF dans le pif, ce pornographe nocif
Scénographe maladif des affres de l'intrusif
Polygraphe informatif, brévigraphe du fictif
Paraphe à tout tarif, c'est à s’en arracher les tifs
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3. |
What's on my phone
03:28
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Vous avez été très nombreux à ne pas me la demander
Alors j’ai décidé de faire cette capsule pour tous mes abonnés
Une présentation très matérialiste
Des super ficelles de mon quotidien égotiste
"What's on my phone" "What's on my phone"
"What's on my phone" "What's on my phone"
Sur mon phone y'a des coques, dans mon phone y'a des snaps
Dans mes snaps y'a des cocks, qui quémandent du feedback
« Send un nude, girl ! » « Let me see some booby ! »
"Dévoile-toi un peu plus dans une plus longue story"
En matière d’appli,
J’ai toute la panoplie,
La première et puis l’autre,
Et les suivantes aussi
Vous savez comment c’est,
On télécharge tout et puis on oublie
Et il arrive un jour où il faut faire le tri
J’ai prévu un TAG pour la fin de semaine
Une cinquième FAQ pour ma deuxième chaine
J’ai reçu mon colis pour un unboxing,
Je présenterai un lookbook pour les fans de gaming
Sur la toile le viral est vital, le scandale est banal,
Mais rien ne nous touche dans ce monde digital
Alors ces derniers temps j’avais plus trop le moral
J’ai acheté l’intégral du catalogue vidal
Story time ! Je reviens de la pharmacie,
Je malaxe les cachets rose, mais ce n’est pas de la malacie
Si ces médocs n'ont pas de goût, moi j'ai gardé le mien :
J’ai choisi leur couleur, elle s'accorde avec mon fond de teint
Un "essaie de ne pas rire" sortira demain
Une série de Vlogmas pour l’automne prochain
Et quand viendra le temps, de l'entonner
Une chanson spéciale pour le million d'abonnés
Sur le net, la fillette est inquiète
Elle est la proie des obsédés sexués de la planète
Il faut, qu’elle rentre dans le rang et soit mignonnette,
Car ils voudraient des femmes qu'elles n’aient ni queue ni tête
De pin-ups en pop-ups
De make up en meet up
Le streaming a remplacé les scuds dans les pickups
Et puisqu’on tourne en rond
J’vais creuser mon sillon,
En faisant des vidéos de moi, regardant des vidéos de toi,
Où tu regardes des vidéos de moi, regardant des vidéos de toi,
De moi, de toi et de tous ceux qui sont seuls...
Je veux tant vous montrer ma singularité
Que je vous assomme de ma banalité
Si vous voulez voir votre vie en monoscopie
Soyez les bienvenus dans mon YTP
Et puis il y a ce gros malin,
Qui écrit une chanson,
Se moquant du youtube game,
C’est vraiment le roi des ….
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4. |
Face B
03:41
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On dit qu’on porte sur son visage l’héritage de sa vie,
Ses pleurs ses cris sa rage de vaincre de possibles ennemis
De magnifiques traits de personnalité ainsi que
Le poids du temps passé et celui des regrets
Certains y ont inscrit l’amour, la beauté, le succès,
Quand d’autres ont eu le privilège de pouvoir se payer
Gommages de peau ou larges projets de décapage
Ayant toujours pour but d'effacer leur ardoise ostentatoire
Sache qu'un visage est une toile, que l’on peint chaque jour
Et chaque trait y prend sa place, s’affirme et s'accentue
Je ne sais comment certains y dessinent des qualités
Malgré tous mes essais je ne trouve pas les bons pinceaux
Je voudrais tant arborer un nouveau visage
Changer de disque, de profil, de dessein et de face
Un visage neuf, un visage beau, un visage bon
Celui qui s'efface à chacune de mes actions
Le flouter ne me servirait à rien
Car je n’ai déjà pas l’air très net
Et je peux bien me voiler la face
J’avance à visage découvert
Donne moi du temps pour le redessiner
Comme un tableau je pourrai me surpasser
Donne moi du temps pour le recomposer
En face à face je te jouerai la Face B
Chez moi la chirurgie ne serait pas qu'esthétique
Il faudrait changer de peau, effacer quelques cicatrices
Revoir l’inclination et certaines propensions, Changer
l'angle du regard, aérer l’intérieur du crâne
Y peindre une peau douce, une voix de rossignol
Des yeux verts qui voient rose et un sourire affable
Une joue tendue plutôt qu’une mâchoire serrée, ainsi qu'une
Oreille sourde aux double-sens et qui ne siffle pas
Le flouter ne me servirait à rien
Car je n’ai déjà pas l’air très net
Et je peux bien me voiler la face
J’avance à visage découvert
Donne moi du temps pour le redessiner
Comme un tableau je pourrai me surpasser
Donne moi du temps pour le recomposer
En face à face je te jouerai la Face B
Et s’il le faut pour faire peau neuve je pourrais y laisser
Cette vieille peau à laquelle tous ces défauts sont collés
Car à défaut d’une peau sensible je n’ai qu’une peau de chagrin
Qu’il faudrait dérider pour avoir un visage humain
Et toi qui es en vis-à-vis et qui me dévisages
Avise et envisage de me dire sans enfantillages
Le secret de ta vie et de ce beau visage
Que tu assumes et portes au jour sans aucune forme de maquillage
Le flouter ne me servirait à rien
Car je n’ai déjà pas l’air très net
Et je peux bien me voiler la face
J’avance à visage découvert
Donne moi du temps pour le redessiner
Comme un tableau je pourrai me surpasser
Donne moi du temps pour le recomposer
En face à face je te jouerai la Face B
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5. |
Volatiles
04:25
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Tous sont tombés de haut quand la première m'a largué
Cela faisait que ma retenue lui pesait
C'était une belle histoire, mais vouée à l'échec
Elle était trop grande, trop belle, je n'étais qu'un jeune blanc-bec
La deuxième ce fut bref, j'ai lâché prise en quelques semaines,
J'avais beau m'accrocher, c'était une lutte quotidienne
J'avais pourtant bien fait les choses, je l'avais dorlotée,
Mais je ne sais pourquoi, je me suis vite lassé
Il n’y a pas de mot pour moi
Je suis faible, plutôt que fiable
Je dis des choses que je regrette
Me rend tôt ou tard méprisable
Pourquoi sont-elles si volatiles ?
Sont-elles si versatiles ?
C’est devenu habituel, séparations incessantes
L’idylle d’un matin, une rupture diligente
Qu’elles lâchent du leste, que je largue les amarres
Quand je les vois partir, leurs yeux à elles voient un tocard
Elles s’envolent, à tire d’aile, virevoltent aux quatre vents,
J’aimerais les retenir, mais elles fuient mon engagement
Je les regarde partir, paralysé, inconséquent,
Ces flottilles de promesses que je romps constamment
Il n’y a pas de mot pour moi
Je suis faible, plutôt que fiable
Je dis des choses que je regrette
Me rend tôt ou tard méprisable
Pourquoi sont-elles si volatiles ?
Mes paroles versatiles
Petites tâches dans le ciel bleu, et nuages à l’horizon,
Je ne regarde plus au loin de peur d’y déceler leur réprobation
Mes oreilles sifflent et ces pépiements ci-haut,
Ne peuvent plus cacher tous mes noms d’oiseaux
Ces paroles en l'air me regardent de haut
Ces paroles en l'air me laissent sur le carreau
Mes promesses sont comme des passereaux,
Quand j'essaie de les tenir elles s’envolent aussitôt
Ces paroles en l'air me regardent de haut
Ces paroles en l'air me laissent sur le carreau
Mes promesses sont comme des passereaux,
Elles s'entassent, me tracassent mais passeront bientôt
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6. |
L'étoffe
05:25
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A chaque soldes, j’achète.
Des frusques fantasques pour combler mes frasques,
Et des vasques de Grasse pour emplir mes flasques
Sur le Clair de Lune je traite
A l'Ouest de Venise je laisse tomber le masque :
Je me sens l'astre de cette fresque bergamasque.
J’achète, du rabattu pour m'enorgueillir
J’attends, le liquidé pour l'acquérir
J’achète, de quoi me mettre en valeur à -50%
Paiement comptant, ultime remède pour un esprit sénescent
Dans ce monde, à l’aloi de marché et de jungle,
Les articles bradés céans sont mon violon d'Ingres
D’ordinaire assez pingre, je dépense plus que de coutume,
Et je quitte mes fringues pour ces nouveaux costumes.
Quatre à quatre j'ai tiré mon épingle du jeu
En fidèle encarté, ma carte est couverte d’ecchymoses bleues
La pléthore de rebuts collector jamais ne m’épate :
Je jette la botte inadéquate, j'achète la bottine adéquate !
Moi j'excelle dans cette discipline de la chasse à l’idoine
Délaissé, sacrifié, déniché par les amateurs amasseurs,
Mais je voudrais savoir puisque l'habit ne fait pas le moine
Pourquoi, pourquoi dites-vous que je n'ai aucune valeur ?
Je n'ai peut-être pas l'étoffe d'un grand homme
Je possède seulement des costumes à ma mesure,
Ma vie se consume comme je consomme
Contribuant chaque jour à faire grimper le mercure
Je n'ai peut-être pas l'étoffe d'un grand Homme
Je ne tiendrai qu’un rôle à ma mesure,
Ma vie se résume à ce que je consomme
Elle contribue chaque jour à faire grimper le mercure
De l’époque moderne je suis le produit
Ce consommateur vorace et consommé
Mais je ne me perçois pourtant qu’au singulier :
Pour toute hiérarchie il y a moi... Ensuite autrui
La nature d’un fauve n’est pas de lâcher du lest
A ceux qui viennent après, je ne laisse que les débris
Je prends la part du lion, ils s'arracheront le reste
Le premier arrivé est le premier servi !
S’ils veulent savoir pourquoi l’Homme court à sa perte
Les redresseurs de torts manquent en fait d’à-propos :
Ils disent souvent que mes emplettes m'ont fait perdre la tête
Alors comment pourraient-ils m'en faire porter le chapeau ?
Je n'ai peut-être pas l'étoffe d'un grand Homme
J’ai oublié mes rêves de gloire posthume
Ma vie se résume à ce que je consomme
Et cet éphéméride est mon chef d’oeuvre anthume
Je n'ai peut-être pas l'étoffe d'un grand homme
Mais me sens pourtant étriqué dans ce costume,
Ma vie se résume à ce que je consomme
Et je sens chaque jour grandir mon amertume
En retournant ma veste, j’ai finalement changé de vie,
Revendu mes habits, soldé mon assurance-vie,
J’ai cédé ma maison et ses meubles dérisoires,
Mais j’ai investi la pierre et dors maintenant dans un manoir
C’est une colocation, certes un peu spartiate
Une cheminée en marbre, quelques sommiers sans lattes
A longueur de journée nous refaisons le monde
Et j’y vis bienheureux, quand mon esprit vagabonde
Mais de fil en aiguille, ce soir je viens pour en découdre,
Car j’ai passé mes nuits à faire parler la poudre
Je n’ai plus de bonbons et n’attends plus Madeleine,
Que pour la dévêtir de son joli bas de laine
Je n'ai peut-être pas l'étoffe d'un grand homme
Je ne m’enveloppe que de matières alcoloïdes
Ma vie se consume à mesure que je consomme
Chez moi le pot aux roses est éléphantoïde
Je n'ai peut-être pas l'étoffe d'un grand Homme
Je ne m’enveloppe que de matières alcoloïdes
Ma vie se consume à mesure que je consomme
Mais je ne suis plus traqué par les gouttes de ma clepsydre
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7. |
Riposte
03:37
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Quand je me lève chaque matin c’est la même chose :
Je bois mon café, chausse mes lunettes et relis ma prose
Il y a celle pour la voisine que tout le monde appelle Angeline
Et celle pour la fille en terrasse qui me reluque du coin de sa tasse
Mais chaque matin c'est la même chose, je n'ose pas m'en approcher
Je suis soudainement pris d'un doute de ce qu'elles pourraient me reprocher
Alors j’ai appris à les esquiver, quitte à battre en retraite
Je n’veux pas tomber nez à nez avec ces serpents à sornettes
Y'a des choses qui portent mal leur nom
Il faudrait revoir leur définition
Intime avec elle, ils le sont tous
Suis-je le seul qu’elle repousse ?
Quand je sors c’est surréaliste
Je polarise les feuilletonistes,
Dans mon sillage y’a des commères qui s’agglomèrent,
Une nuée d’harengères à la langue meurtrière
Je tente bien de rester discret
Furtif comme un agent secret
Mais j’attire l’oeil comme un aimant,
Un oeil au compas infamant
Il capture mes mensurations
En fait un sujet de dérision
Échancre mes vêtements en haillons
Et s'en sert pour me damer le pion
Pas besoin d'aller à la plage
Les mouettes rôdent dans mon voisinage !
Elles rient de moi, cinglent à propos
Et ma répartie, elle, a le bec dans l'eau
Y'a des choses qui portent mal leur nom
Faudrait changer leur appellation
La répartie en fait partie,
À voir comme j'en suis départi
Enclin à braconner un médoc pour enfin m'éduquer
À rabattre le caquet à ces caquetteurs syndiqués
J’voudrais un tic tac pour l’attaque, une tactique pour l'estoc
Rétorquer du tac au tac, d’une caustique en stock
Un choc traumatique qui te laisserait patraque
Une estocade mythique qui te plaquerait en vrac
Si t’as le temps de me tacler, toi l’As de la pique
Ma réplique ton sur ton serait une claque chromatique
Ne sois pas cardiaque mon petit extatique
Ton cerveau mis à sac contracte mes zygomatiques
Ne sois pas cardiaque ma petite extatique
Je rapplique pour victoire par échancrure lobectomique
Mais j'ai pas de médoc, moi, je suis à sec,
Je suis aussi vivace qu'une tranche de vieux steak
À chaque fois que quelqu'un me prend à parti
Le temps que j'aie de la répartie, il est déjà reparti
Mais j'ai pas de médoc, moi, je suis à sec,
Je suis aussi vivace qu'une tranche de vieux steak
À chaque fois que quelqu'un me prend à parti
Le temps que j'aie de la répartie, il est déjà reparti
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8. |
A-Propos du Baron
04:12
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Ce soir-là j'étais seul
Accoudé au comptoir
Parlant aux cacahuètes
Écrasées sous le bar
Descente en solitaire
Dépression et des bières
Toute forme d'éthanol
Du fond de cale au col
En passant cette porte
Tu es entrée dans ma vie
Quand quelqu’un danse carole
On n’a d’yeux que pour lui
Commencer à chantonner
Si c’est le chant du Cygne,
J’en serai la cigale
Je trouverai les mots
Te roucoulerai un Madrigal
Je dois vous confesser, vous le dire sans ambages
Je n’ai aucun mérite, ce n’est qu’un héritage
Cette courte ritournelle que ma mère me chantait
Lorsqu’au bon hydromel, le soir se ressourçait :
« Toi qui es un peu court pour être un Apollon
Pour captiver une femme tu devras lui faire don
D'un verre de spiritueux pour faire briller ses yeux
Et de vers spirituels pour qu’elle se sente belle »
J’ai cette odeur de muse
Qui émane de moi
Elle inspire mon voisinage
Le laisse toujours pantois
On me le dit souvent :
J'exhale la poésie
Ce soir je suis très Distingué
Un Baron et Demis
Je reste assis là
Planté sur mon tabouret
Je prends racine, ombrage
Et ma plume pour un sonnet
Pendant que tu exposes
Tes formes et tes attraits
La ritournelle résonne
Toujours du même couplet :
« Toi qui es un peu vieux pour être Casanova
Monopolise son ouïe et flatte son odorat
Il faut l’hypnotiser ne la quitte pas des yeux
A trop l’examiner tu dévoileras ton jeu »
« Rassemble ton courage et tente de l'aborder
Surtout prends bien soin de ne pas l'importuner
Avance vers elle armé d’un sonnet ravageur
Et avec l‘assurance d’un fougueux séducteur »
Tu as su m’envoûter de lentes cabrioles
Et du fort beau maintien dont tu as l’apanage.
Je peine à dire les mots qui te rendraient hommage,
Troublé par ces rubans qui cachent tes aréoles.
Je viens te proposer repas et gaudriole,
De longs moments en couple et un beau mariage
Tu pourras continuer pour moi tes effeuillages
Car tu es la seule muse, de cette barre, Carole
Tu m’as tapé dans l’oeil, et pas qu'au figuré
Au contact de ta peau, sa douceur m’a frappé
C’est un vrai coup de foudre, et j’en ai le vertige !
Il semble que les videurs commencent à accourir
Ne perdons pas de temps, pour pouvoir te chérir
Produis ton numéro, ma déesse callipyge !
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9. |
Les pieds dans le plat
03:25
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Quand la charge est trop forte,
Ils mettent les pieds dans le plat :
C’est eux que l’on extorque,
Qu’on met dans l'embarras
Entre celle qui les a vu naitre
Et celui qui les voit paître
Leur choix n'est pas fixé
Il vivent en garde alternée
Quand grognent les parias
Ils mettent les pieds dans le plat
S’ils se sentent désavoués
Ils tapent le plat du pied
Devant leurs alpagas
Ils restent draconiens
Ils mettent les pieds dans le plat
Le plat pays, qui était le sien.
Dès lors qu'ils ont l'argent
Ceux-là s’en vont au paradis
Le paradis, fils
Calés, cachés dans leur abri
Ils contrefont les comtes
Dans leur grande société
Deviennent les magnats
Du 5 à 7 pur-sang et de la pièce-montée
Le registre de leurs actions
Se borne à acheter et vendre,
Pour une somme numéraire,
Majorant les dividendes
Par montages financiers
Ils minorent et ignorent
Leur rôle de métayer
Pour nation tricolore
Ils récoltent à plein temps
Déménagent chaque mi temps
Se plaignent du tiers payant
Les trois-quarts de leur temps
Avec cet agenda
Malgré tous leurs efforts
Les pauvres ne trouvent plus le temps
De dépenser leur argent
Si moi je mets les pieds dans le plat
C’est que je veux prouver ma valeur
Accordez-moi l’occasion
De leur être supérieur :
Donnez moi de l’argent, beaucoup !
Mettez-vous y à plusieurs
Il faut s’organiser soigneusement
Pour pouvoir faire sauter les compteurs
Du blé, du fric, du flouze, des ronds,
J’ai une voiture que je veux fort tunée
D’la douille, d’la fraiche, du grizbi, du pèze
Un escroc me fait chanter
Du frusquin, du quibus, du sig
Pour ma retraite longuement anticipée
Quelque picaille ou même de la mitraille
Je saurai m’en accommoder
Et si le compte est bon
C’est sûr, je vous le promet
De n'pas fuir le pays
Et sa fiscalité
Je saurai profiter
De cette aimable manne
Sans vous abandonner,
Je séjournerai à vos côtés
Et pour vous remercier de votre aide
Et conserver mon capital sympathique
Je vous jetterai quelques piécettes
Une fois de temps en temps
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10. |
La Terre des tours
05:58
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L'usage d'une vie est un champ délicat,
Au même diapason tous ne s'accordent pas
En termes de dissonance l'humain est un expert,
Il vit en permanence sous le joug de ses pairs.
Si nos pères ont prévu un espace pour chacun,
Dans toute société certains ne s’emboitent pas.
Ils errent de place en place, attendent demain en vain,
Et ne semblent sagaces qu’au jour de leur trépas.
La démesure des uns nourrit en abondance
La frustration des autres qui à leur tour présentent
De pleines pages noircies de vaines doléances
Qu’ils crient au pied des tours de qui les représente.
Alors s’instaure un rite que nous connaissons bien,
Où certains portent la voix de ceux qui n’ont plus rien :
Ils sont sollicités, en tant qu’ambassadeurs,
Mais ressortent corrompus par l’or des oppresseurs.
A leur tour ils répètent les fameuses litanies,
Qu’ils exécraient jadis alors simples soumis.
Ils bâtissent leur tour d'une terne couleur,
Celle qui a teint leur âme ainsi que leurs valeurs.
Il ne faut pas longtemps à ceux qui sont floués
Pour mettre au ban ceux-là qui furent leurs députés.
De fort ressentiment en soulèvement social,
Le contrat est rompu, la foule devient bestiale.
Vient alors l’affrontement entre deux forces contraires,
Se toisant un instant pour mieux armer leurs serres.
Ils attendent fébrilement le faux pas de l'ennemi
Pour épancher leur rage en se ruant sur lui.
Quelle que soit la faction qui semble ouvrir le bal
Les nouveaux partenaires font vite jeu égal,
Car en bombant le torse ou en haussant le ton,
Qui recourt à la force voit la loi du talion.
Je voudrais tant que cesse cet affreux jeu de dupes
Qui consiste à abattre, et vite substituer
Ceux qui nous muselaient d’une manière abrupte
Par d’autres qui fédèrent et complotent pour régner.
Ils bâtiront leurs tours sur les cendres d’une autre
Une tour de Babel plus vaste et bien plus haute
Jusqu’à ce qu’à nouveau une voix discordante
Vienne passer par le fer, cette caste régnante
Insensible à nos maux, la Terre nous inspire :
Comme ses révolutions, les nôtres sont légions
Bien loin de se calmer ou de se contenir,
Elle tourmente le Soleil, et l'Homme tourne en rond
Va-t-on un jour contrer ce vilain tour céleste
Et vivre enfin en paix pour le temps qu’il nous reste ?
S'affranchir de nos maitres, rompre l'expectative
Ne plus bâtir de tours barrant nos perspectives
Chercher une vie simple, humble et sans prétention,
S'attacher à bannir les souhaits imprécatoires
Et puis construire un lieu, où mettre en détention,
Ceux qui érigent des tours dominant la terre car,
Que tourne la Terre ou que la Terre ne tourne
Ce qui entoure la terre de ses ternes tours
Vient tour à tour du fer croisé entre sourds
Ou bien du ministère montrant ses fiers atours
On a toujours affaire à tous ces vils vautours
Qui nous mènent à la guerre au rythme des tambours
Et tous ces dignitaires qui ne donnent en retour
Que travail subalterne et titre de séjour
L’usage d’une vie est un chant délicat,
Il est assez fréquent d’en tirer quelque aria
Que ton oeuvre soit simple, fortement recherchée,
Qu’elle succède à ses pairs, ou soit improvisée,
Ne perds donc pas de temps en tergiversations :
Attèle-toi à présent à sa composition.
Car du chant de ta vie, si tu ne t’impliques pas
Certains en écriront la partition pour toi
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